Soleil d’Ailleurs : Une solution intelligente pour les cuisines françaises

Yanyna Nagayevska

Le 11 avril 2025 par La rédaction

En deux ans, Yanyna Nagayevska est passée d’un exil soudain à la création d’un modèle logistique innovant pour la restauration.

Arrivée en France sans parler la langue, cette entrepreneure ukrainienne transforme une rupture brutale en tremplin entrepreneurial. Aujourd’hui, elle est à la tête de Soleil d’Ailleurs, une entreprise française spécialisée dans l’importation et la distribution d’huile de tournesol pour les professionnels de la restauration. Grâce à son expertise en gestion des achats et à un partenariat avec le plus grand producteur mondial, elle propose une solution efficace, pratique et adaptée aux besoins du terrain.

Pouvez-vous nous présenter Soleil d’Ailleurs en quelques mots ?


Yanyna Nagayevska : Soleil d’Ailleurs est une entreprise française. Je suis entrepreneure ukrainienne et j’ai déménagé en France au début de la guerre. Arriver en France avec un enfant en bas âge, un mari qui ne parle pas la langue, moi non plus d’ailleurs, et devoir tout reconstruire… À l’époque, j’étais étudiante à l’INSEAD, où je poursuivais un Executive MBA.

Après deux ans, nous avons décidé de rester en France. Installée dans le Nord, j’ai découvert la forte consommation d’huile pour la friture, un produit essentiel pour la restauration locale. Étant originaire d’Ukraine, l’un des plus grands producteurs mondiaux d’huile de tournesol, j’ai vu une opportunité. J’ai noué un partenariat avec le plus grand producteur mondial d’huile de tournesol, garantissant ainsi un produit de haute qualité. Travailler avec des partenaires fiables est essentiel pour moi. Une huile de mauvaise qualité peut altérer le goût des aliments, notamment des frites, ce qui est inacceptable pour mes clients. J’ai donc fait le choix de créer mon entreprise, même sans parler français à l’époque. C’était un pari fou, mais réfléchi, car la demande était très forte.

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Nous avons développé un format innovant : le “bag-in-box”, un conditionnement pratique, léger et plus écologique que les formats traditionnels. Ce format répond à de nombreuses attentes des consommateurs sur le marché. J’ai récemment convenu d’un démarrage de collaboration avec Metro, et l’huile sera disponible dans leur réseau dès la semaine prochaine.

Pourquoi avoir choisi un format de 15 litres ?


Yanyna Nagayevska : J’ai d’abord testé un format de 5 litres, mais il générait trop de déchets. Les formats traditionnels sur le marché sont soit trop lourds, soit trop générateurs de déchets. Les restaurateurs consomment parfois jusqu’à 600 litres d’huile par mois. Le format de 15 litres en Bag-in-Box offre un compromis idéal entre ergonomie, gain de place et réduction des déchets. Ce format est non seulement plus écologique, mais surtout plus fonctionnel : il facilite la manutention, optimise le stockage, réduit les risques de blessure et améliore la gestion des déchets.

Je pense comme un acheteur, pas comme un vendeur. J’ai passé des années à analyser des offres, à challenger des fournisseurs. Aujourd’hui, j’offre ce que moi j’aurais voulu recevoir : un produit fiable, clair, sans blabla. Et surtout, je suis pleinement consciente que dans la restauration française, on aime la stabilité. Changer de produit, peut-être. Changer de fournisseur, beaucoup moins. C’est pourquoi j’ai commencé à proposer une approche tripartite : le restaurant garde son distributeur habituel, le distributeur conserve son chiffre d’affaires, et moi je vends le produit – et chacun reste dans un cadre connu.

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Grâce à partenariat avec le premier producteur mondial, je peux offrir un produit plus pratique, souvent plus économique, tout en respectant les circuits logistiques existants. C’est une amélioration sans rupture — et c’est ce que recherchent beaucoup de professionnels aujourd’hui.

Quel retour avez-vous de vos clients ?


Yanyna Nagayevska : Les retours sont très positifs. Les clients apprécient la stabilité, la qualité du raffinage, la performance en cuisine, et le format facile à utiliser. Plusieurs écoles dans le Pas-de-Calais ont testé le produit et sont en voie d’intégration. C’est un signal fort : le secteur public est exigeant, et son intérêt montre que notre solution répond à des critères de sécurité, d’efficacité et de fiabilité.

Votre expérience professionnelle précédente vous aide-t-elle aujourd’hui ?


Yanyna Nagayevska : Absolument. Avant de créer Soleil d’Ailleurs, j’étais responsable des achats d’énergie pour un des plus grands groupes mondiaux, avec un budget annuel de 2 milliards de dollars. J’ai appris à raisonner en flux, en logistique, en performance. Mon Executive MBA à l’INSEAD m’a apporté une approche stratégique du business. Aujourd’hui, je mets cette compétence au service d’un projet très concret, au contact direct du terrain.

Quels ont été les plus grands défis ?

Yanyna Nagayevska : Apprendre la langue en même temps que je construisais une entreprise. Créer un réseau de confiance sans repères ni relations. Comprendre les règles, les usages, les non-dits — tout cela en étant maman à plein temps et en gérant la logistique d’une famille déracinée. Le plus grand défi ? Ne jamais perdre le cap, même quand on doute de tout. Et garder le sens de l’humour. Parce qu’il en faut, surtout quand on essaye d’expliquer à un acheteur français, avec un accent ukrainien et un PowerPoint, pourquoi son huile peut être livrée plus intelligemment !

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Quels sont vos projets pour la suite ?


Yanyna Nagayevska : Je souhaite structurer une offre nationale, avec des partenaires comme Metro ou les collectivités. Je regarde également vers la Belgique, qui partage une culture culinaire similaire, et où ce format pourrait répondre à de vrais besoins. Déjà, plusieurs écoles ont testé le produit et sont en cours d’intégration du format dans leur système. C’est une première victoire pour moi : si le secteur public adopte la solution, cela veut dire qu’elle est perçue comme sûre et fonctionnelle. Et surtout, je veux que cela reste à taille humaine : proche du client, réactif, concret.

Décideurs News : Un mot de conclusion ?


Yanyna Nagayevska : J’avais vu le film Bienvenue chez les Ch’tis bien avant de venir vivre ici, et je pensais que c’était exagéré. Mais non : la gentillesse, la chaleur humaine, l’entraide… c’est bien réel. À chaque étape de notre intégration, nous avons été accueillis avec respect, patience et bienveillance. Le Nord est magnifique. Aujourd’hui, je suis fière de pouvoir contribuer, à ma mesure, au développement économique d’une région qui nous a offert la sécurité, la stabilité et l’espoir.

La rédaction

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