Musiques générées par l’IA : Deezer tire la sonnette d’alarme face à l’explosion des contenus automatisés

Le 17 avril 2025 par La rédaction

Près de 20.000 chansons générées par intelligence artificielle sont mises en ligne chaque jour sur Deezer. Ce chiffre, révélé ce jeudi par Alexis Lanternier, directeur général de la plateforme de streaming, alarme l’industrie musicale. L’enjeu est majeur : 18 % des nouveaux titres publiés quotidiennement sur Deezer sont désormais issus de l’IA, contre 10 % en janvier. Une progression fulgurante qui soulève des questions éthiques, économiques et artistiques.

“C’est énorme, c’est presque 20.000 chansons par jour”, déclare Alexis Lanternier sur les ondes de RMC. Le dirigeant précise que ces créations sont entièrement produites par des intelligences artificielles, entraînées sur le catalogue musical mondial sans reverser de droits d’auteur. Autrement dit, une intelligence artificielle apprend à créer en se nourrissant du travail de millions d’artistes, sans que ces derniers soient consultés ou rémunérés.

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Cette industrialisation de la musique artificielle s’apparente de plus en plus à une fraude organisée. Des groupes exploitent des IA pour générer des milliers de morceaux dans le but de les glisser dans des playlists, engrangeant ainsi des revenus issus de droits d’auteur qui ne leur reviennent pas. Ce mécanisme détourne l’économie du streaming et nuit à la visibilité des artistes réels.

Face à cette menace croissante, Deezer a pris les devants. La plateforme a développé un outil breveté capable de détecter les morceaux générés à 100 % par l’IA. Une fois identifiés, ces titres sont exclus des recommandations et des playlists algorithmiques. L’objectif est clair : protéger les artistes authentiques en empêchant les productions artificielles de capter indûment leur audience et leurs revenus.

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Mais la démarche de Deezer ne s’arrête pas là. Alexis Lanternier annonce que cet outil sera partagé avec d’autres acteurs du secteur afin d’unir les forces contre cette nouvelle forme de triche numérique. Une initiative rare dans un milieu concurrentiel, mais jugée nécessaire pour préserver l’écosystème musical.

Ce tournant technologique pose une question fondamentale : l’intelligence artificielle est-elle un outil ou une menace pour la créativité ? Si Lanternier admet que certains usages d’IA peuvent enrichir la création musicale – comme l’aide à la composition ou l’optimisation du son – il affirme son opposition ferme aux morceaux produits sans intervention humaine.

L’enjeu est également culturel. Au-delà de l’économie, c’est la place de l’humain dans l’art qui est en jeu. Une chanson née d’une expérience de vie, d’une émotion ou d’une voix singulière ne peut être remplacée par une production automatisée, aussi bluffante soit-elle.

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Ce phénomène s’inscrit dans une dynamique plus large : celle de la prolifération des contenus générés par IA dans les domaines visuels, textuels, et désormais musicaux. Après les fausses images et les deepfakes vidéos, les fausses chansons s’invitent dans nos casques et nos playlists, brouillant la frontière entre le réel et l’artificiel.

La vigilance des plateformes et des utilisateurs sera essentielle pour préserver la diversité, l’authenticité et la valeur de la création musicale à l’ère de l’intelligence artificielle.

La rédaction

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