Le 20 septembre 2024, un sondage réalisé par Odoxa pour Le Figaro et Backbone Consulting a révélé que les Français redoutent une potentielle augmentation des impôts sous l’administration du nouveau Premier ministre, Michel Barnier. Dans un contexte où l’économie est déjà tendue et les finances publiques fragiles, la fiscalité demeure un sujet de préoccupation majeur. La perspective de réformes fiscales visant à redresser les comptes de l’État suscite des craintes importantes au sein de la population, qui redoute que ces réformes ne se traduisent par une hausse des prélèvements.
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ToggleUne exaspération fiscale persistante
Malgré une amélioration par rapport aux années précédentes, où l’exaspération fiscale était encore plus marquée, 55 % des Français continuent de juger leurs impôts trop élevés. Bien que ce pourcentage soit en baisse de 16 points par rapport à il y a neuf ans, le sentiment de surimposition reste dominant. Ce sentiment est particulièrement prononcé chez les employés, les ouvriers et les ménages modestes, dont les revenus se situent entre 1 500 et 2 500 euros par mois. Plus de 60 % de ces groupes sociaux considèrent la pression fiscale comme excessive, soulignant un déséquilibre perçu entre leurs contributions et les services publics qu’ils reçoivent en retour. Cette frustration s’inscrit également dans un contexte de maintien des taux d’intérêt, comme le montre la récente décision de la Banque centrale européenne qui a choisi de conserver les taux directeurs existants. Cette frustration est encore plus marquée parmi les sympathisants de certains partis politiques, notamment au Rassemblement National, où 73 % des partisans dénoncent une fiscalité qu’ils jugent asphyxiante. Du côté des Républicains, 50 % des soutiens partagent ce point de vue, témoignant d’un mécontentement plus généralisé au sein de la population.
Une opposition généralisée à la hausse des impôts
L’arrivée de Michel Barnier à Matignon a ravivé les craintes concernant une possible hausse des impôts. Le sondage révèle que 71 % des Français estiment qu’une telle décision serait une erreur, illustrant une opposition quasi unanime, toutes tendances politiques confondues. Ce rejet ne se limite pas à une seule frange de l’électorat : aussi bien les sympathisants de gauche (64 % des écologistes, 78 % des soutiens de La France Insoumise) que ceux de droite (67 % des Républicains, 80 % des partisans du Rassemblement National) s’opposent massivement à cette idée. Cette opposition à la hausse des impôts s’explique en partie par la crainte qu’elle n’affecte directement la majorité des foyers. L’élection de Bruno Le Maire et ses récentes prises de position politiques sont également un facteur important dans le débat. Environ 70 % des sondés pensent qu’une augmentation des impôts impacterait leur propre budget, ce qui reflète une peur généralisée d’un alourdissement de la pression fiscale. Ce sentiment est encore plus prononcé parmi les foyers les plus aisés, où 82 % des personnes interrogées estiment qu’ils seraient particulièrement touchés par une telle mesure, craignant une érosion de leur pouvoir d’achat et une surcharge fiscale disproportionnée.
Quelles alternatives pour redresser les finances publiques ?
Face à ces craintes, les Français se montrent majoritairement opposés à toute augmentation des impôts généralisée. Ils préfèrent des alternatives jugées plus équitables pour rétablir les finances publiques. La solution qui recueille le plus grand soutien est la réduction des dépenses de l’État, une mesure plébiscitée par 91 % des sondés. Pour beaucoup, cette réduction du « train de vie de l’État » représente une réponse logique à l’endettement public, sans avoir à alourdir la fiscalité des ménages. Les dépenses publiques sont souvent perçues comme excessives, et leur réduction semble un moyen légitime de rétablir les comptes sans imposer de sacrifices supplémentaires aux citoyens.
D’autre part, l’augmentation des impôts sur les foyers les plus riches apparaît comme une solution acceptable pour 78 % des personnes interrogées. Cette mesure est vue comme une façon plus équitable de contribuer au redressement financier du pays, en épargnant les classes moyennes et modestes, tout en demandant un effort supplémentaire aux ménages à hauts revenus. Cette approche vise à créer un équilibre fiscal qui répondrait à la fois aux exigences budgétaires de l’État et au sentiment de justice fiscale. Cependant, d’autres possibilités sont plus controversées. Par exemple, la baisse du taux du livret d’épargne populaire (LEP) affecte principalement les épargnants à revenus modestes, rendant cette solution moins favorable pour une partie de la population. La réduction des aides sociales, généralement mentionnée comme une piste pour diminuer le déficit, ne convainc que 54 % des Français. Cela montre une réticence à affaiblir le filet de sécurité sociale, surtout dans une période marquée par des incertitudes économiques. De même, la réduction du nombre de fonctionnaires, une autre mesure fréquemment évoquée, ne reçoit le soutien que de 50 % des sondés, témoignant d’une inquiétude face à une possible dégradation des services publics essentiels.
Un manque de confiance dans les décisions de Michel Barnier
Malgré leurs préférences claires pour des solutions autres que la hausse des impôts, une majorité des sondés (60 %) reste sceptique quant à la direction que prendra Michel Barnier. Beaucoup pensent qu’il optera malgré tout pour une augmentation des impôts pour tous, une hypothèse redoutée, mais jugée probable par une majorité de la population. Cette perception est alimentée par un certain pessimisme quant à la capacité du gouvernement à réduire efficacement les dépenses publiques sans recourir à une augmentation des prélèvements. Par ailleurs, 64 % des Français ne croient pas que le Premier ministre réduira les dépenses publiques ni le nombre de fonctionnaires, malgré le soutien majoritaire à ces mesures dans l’opinion. Ce manque de confiance souligne une fracture entre les attentes des citoyens et la vision perçue des décideurs politiques, ajoutant à l’incertitude autour des réformes fiscales à venir, un climat également renforcé par les récentes discussions autour du nouveau front populaire politique.
Les Français sont majoritairement opposés à une hausse des impôts sous la direction de Michel Barnier. Ils privilégient des solutions telles que la réduction des dépenses publiques et une taxation accrue des plus riches, tout en restant sceptiques quant à la volonté du gouvernement d’adopter ces mesures. La gestion des finances publiques dans les mois à venir sera cruciale pour apaiser ces craintes, alors que le pays continue de naviguer dans une période d’incertitude économique et politique.
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