Le 7 avril 2025 par La rédaction
L’homme d’affaires bordelais Michel Ohayon, connu pour avoir racheté plusieurs enseignes emblématiques de l’habillement en difficulté, a été mis en examen samedi 5 avril. Il est suspecté d’avoir organisé un système complexe de détournement de fonds estimé à près de 50 millions d’euros, au détriment des entreprises qu’il avait reprises, notamment Go Sport, Camaïeu ou encore Gap France.
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ToggleUne trajectoire de sauveur devenue suspecte
Michel Ohayon s’était imposé ces dernières années comme une figure incontournable des reprises de marques en détresse, avec une promesse affichée : redresser des enseignes historiques en péril. Ancien magnat de l’immobilier et de l’hôtellerie de luxe propriétaire notamment du Grand Hôtel de Bordeaux –il avait opéré un virage stratégique vers la distribution textile. Cette reconversion est aujourd’hui au cœur de l’affaire, alors que les enseignes qu’il a reprises ont toutes disparu dans les mois suivant leur rachat, laissant derrière elles des milliers d’emplois supprimés.
Les charges retenues sont lourdes : abus de biens sociaux, escroquerie, abus de confiance, blanchiment et banqueroute. La justice soupçonne un montage financier opaque, impliquant des flux financiers entre ses différentes sociétés, certaines basées à l’étranger, et des pratiques comptables jugées douteuses.
Une défense qui pointe la crise du secteur
Pour son avocat, Michel Ohayon serait la cible d’un procès médiatique injuste, victime collatérale de l’effondrement structurel du secteur de l’habillement, plombé par la concurrence en ligne et les changements rapides des modes de consommation. Il argue que la succession de faillites ne serait pas liée à une malversation, mais à une conjoncture économique défavorable aggravée par la crise post-Covid.
Mais certains anciens cadres des enseignes concernées, auditionnés dans le cadre de l’enquête, évoquent des décisions de gestion incompréhensibles ou contre-productives, parfois imposées par la holding de Michel Ohayon sans concertation avec les directions opérationnelles. Des informations exclusives font état de transferts massifs de trésorerie depuis Go Sport vers des entités extérieures au groupe, sans justification économique claire.
Une interdiction de gérer désormais actée
Dans l’attente de son procès, Michel Ohayon est interdit de diriger ou de gérer une société, une mesure conservatoire rare mais révélatrice de la gravité des soupçons. Cette décision vise à préserver les intérêts des créanciers et empêcher de potentielles récidives.
Cette affaire illustre un phénomène de plus en plus fréquent en France : des investisseurs reprenant des enseignes à bas prix via le tribunal de commerce, sans projet industriel solide, mais avec une logique purement financière à court terme. Une dérive que plusieurs magistrats spécialisés en droit commercial dénoncent aujourd’hui en privé, appelant à une réforme du cadre des reprises judiciaires.
Un procès à suivre de près
L’instruction se poursuit et pourrait durer plusieurs mois, voire années. D’ici là, l’image d’un homme présenté un temps comme le sauveur du commerce français est sérieusement ternie. Pour les milliers d’ex-salariés concernés, la quête de justice ne fait que commencer.
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