La tension monte dans le secteur médico-social en France, au point que les employeurs ont été contraints de hausser le ton pour réclamer des budgets adéquats. Le 24 octobre dernier, sous la bannière de Nexem, ils ont orchestré une action coup de poing devant l’Assemblée nationale, le jour même où débutait l’examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale. Avec un manque criant de financements, exacerbé par une crise de recrutement sévère, le secteur s’essouffle. Ils tirent la sonnette d’alarme sur une situation qui pourrait laisser sur le carreau les plus vulnérables parmi nous, à moins que des mesures concrètes ne soient prises rapidement.
Il faut dire que le secteur médico-social français traverse une crise de recrutement alarmante. Selon une étude publiée par la Fehap et Nexem de janvier 2022, le secteur est confronté à des difficultés structurelles de recrutement et d’attractivité.Ce baromètre, désormais renouvelé chaque trimestre, a été établi à partir des réponses de 407 structures représentant 90.000 salariés, soit 15% des 610.000 salariés des réseaux Nexem et Fehap.
Et les chiffres sont éloquents : environ 5% des postes sont vacants, touchant toutes les filières et professions, du personnel soignant au personnel éducatif et social, en passant par les médecins. Un taux nettement supérieur à la moyenne nationale des emplois vacants dans le secteur privé, qui s’élevait à 1,45% au troisième trimestre 2021.
Un Appel à des actions concrètes
Les retours des professionnels du secteur sont unanimes : 56% d’entre eux estiment que les difficultés de recrutement se sont accentuées au troisième trimestre 2021 pour les infirmiers, et cette tendance est observée à des degrés divers pour d’autres métiers. Ce phénomène, exacerbé par la pandémie, menace le fonctionnement des établissements et services qui accompagnent les plus vulnérables.
L’étude dévoile également une hausse du turn over volontaire, bien que celle-ci reste inférieure à la moyenne du secteur privé. Sur les 5.300 départs enregistrés au cours du troisième trimestre 2021, 2.650 correspondent à des démissions ou des ruptures conventionnelles. Les raisons évoquées par les salariés sont multiples, du niveau de rémunération aux conditions de travail, en passant par la pénibilité des postes.
Face à ces difficultés de recrutement, des mesures drastiques ont été prises par certaines structures : gel des places, fermetures de lits, voire de services ou d’établissements. Ces réponses, bien que nécessaires, commencent à montrer des signes de fragilité structurelle quant à la capacité du secteur à attirer et fidéliser des professionnels. La charge de travail retombe toujours sur les mêmes professionnels, exacerbant l’épuisement et menaçant la qualité des soins pour les personnes accompagnées.
Dans ce contexte, Nexem se mobilise et réclame des moyens pour les métiers de l’accompagnement social et médico-social. La crise de recrutement dans le secteur n’est pas seulement un indicateur de tensions sur le marché du travail, mais révèle aussi une menace pour la continuité et la qualité des soins aux populations les plus fragiles. Il est impératif d’agir maintenant, de réfléchir et de mettre en place des stratégies robustes pour résoudre ces problématiques structurelles qui entravent la capacité du secteur à satisfaire les besoins des citoyens.
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