Le 16 avril 2025 par La rédaction
Un conseiller en patrimoine de 58 ans, Fabrice P., s’est retrouvé devant le tribunal de Marseille le 14 février, accusé d’abus de faiblesse sur une nonagénaire entre 2014 et 2017. Le procureur a requis 18 mois de prison avec sursis, 100.000 euros d’amende et une interdiction d’exercer dans la gestion de patrimoine pendant 5 ans.
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ToggleUne relation qui a évolué au fil des ans
La rencontre entre Fabrice P. et Renée, héritière d’une tuilerie marseillaise, remonte à 2001. A l’époque, le conseiller travaillait au Crédit agricole, où Renée était cliente. Leur relation a pris une tournure plus intime au fil des années. Il la surnommait « marraine », tandis qu’elle le considérait comme son légataire universel. Cette proximité a suscité l’indignation de sa famille, des cousins éloignés, lorsqu’ils ont découvert que Fabrice P. figurait sur son testament et ses quatre assurances-vie.
520.000 euros de transferts suspectés
L’avocate des proches de Renée, qui se sont portés partie civile, affirme que la nonagénaire aurait versé à Fabrice P. 520.000 euros sous forme de virements, de chèques et de dépenses effectuées avec sa carte bancaire.
Dès 2017, ces mouvements financiers inhabituels ont attiré l’attention du service de renseignement financier. Ce dernier a signalé au parquet des « opérations financières atypiques » sur les comptes de Fabrice P. et de sa société de gestion de patrimoine. En deux ans seulement, 215.000 euros ont été déboursés par la nonagénaire. En parallèle, Renée était placée sous tutelle, suite à l’expertise d’un psychiatre qui signalait une altération de ses capacités cognitives. En 2019, sa tutrice a porté plainte après avoir constaté la disparition de grosses sommes d’argent de son compte.
Un homme qui se défend
Face au tribunal, Fabrice P., dont le casier judiciaire est vierge, ne nie pas avoir reçu cet argent. Il déclare qu’il s’agissait d’un accord entre eux visant à éviter les droits de succession. Selon lui, la famille de Renée l’avait abandonnée.
L’homme affirme lui avoir rendu de nombreux services :
- Il l’accueillait chez lui pour les fêtes de fin d’année
- Il l’accompagnait chez le médecin
- Il lui rendait régulièrement visite dans l’EHPAD qu’il avait lui-même choisi pour elle
« Elle était malentendante, avait des difficultés, mais elle avait toute sa tête, quasiment jusqu’à la fin », a déclaré Fabrice P., ajoutant que son médecin généraliste pouvait confirmer ses propos.
Le tribunal rendra son verdict le 24 mars.
Une affaire qui interroge sur la vulnérabilité des seniors
Ce dossier met en lumière la question de la protection des personnes âgées face aux abus financiers. Comment définir la frontière entre une relation sincère et un abus de confiance ? Cette affaire soulève un débat sur la solitude des personnes âgées, souvent isolées de leur famille, et sur la facilité avec laquelle des individus peuvent exploiter cette vulnérabilité.
Les professionnels de la gestion de patrimoine, qui opèrent sur des sommes considérables, devraient-ils être davantage encadrés ? En attendant la décision de la justice, cette affaire rappelle l’importance d’une vigilance accrue lorsque des transferts financiers d’envergure sont effectués au profit d’un seul individu.
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