Le 14 mai 2025 par La rédaction
Un partenariat qui redéfinit la relation entre presse et IA
Le 13 mai 2025, Le Monde a franchi une nouvelle étape dans son exploration de l’intelligence artificielle en annonçant un partenariat avec la société américaine Perplexity. Fondée à San Francisco en 2022, cette entreprise s’impose comme un acteur singulier dans l’univers des moteurs de réponse, un domaine en pleine mutation.
Contrairement aux moteurs de recherche traditionnels, Perplexity mise sur des réponses synthétiques générées par l’IA, enrichies par des sources vérifiables. Ce nouveau modèle bouleverse la logique des résultats de recherche classiques en plaçant le contenu journalistique au cœur de l’expérience utilisateur.
Un modèle respectueux des droits des éditeurs
À la différence de l’accord signé précédemment avec OpenAI, cette collaboration avec Perplexity ne porte pas sur l’entraînement d’un modèle de langage à partir des articles du Monde. Elle s’inscrit dans une logique d’output only, ce qui signifie que les contenus sont mobilisés pour formuler des réponses mais ne sont pas absorbés dans l’apprentissage de l’IA.
Ce choix est stratégique : il permet de préserver la propriété intellectuelle du média tout en bénéficiant d’une nouvelle exposition auprès d’un public tourné vers l’usage de l’IA. Chaque fois qu’un article du Monde est utilisé dans une réponse générée par Perplexity, un lien source est automatiquement inséré, garantissant transparence, visibilité et traçabilité.
Une technologie intégrée aux outils du Monde
Le partenariat comprend également l’intégration prochaine de Sonar, le moteur de réponse développé par Perplexity, directement sur le site et les applications du Monde. Les utilisateurs pourront interroger ce moteur en langage naturel pour explorer uniquement les archives et contenus du journal.
Cette innovation offrira une alternative puissante au moteur de recherche interne, en améliorant la pertinence des réponses et en valorisant l’expertise éditoriale. Le contrat prévoit d’ailleurs que cette fonctionnalité ne sera maintenue que si elle respecte des critères stricts de qualité et de fiabilité, assurant ainsi un standard élevé pour les lecteurs.
Une position de pionnier dans un contexte tendu
Depuis son premier accord avec OpenAI en mars 2024, Le Monde s’affirme comme l’un des rares médias français à ouvrir la voie à des collaborations avec les leaders mondiaux de l’intelligence artificielle. Ce rôle assumé de pionnier s’inscrit dans un double objectif : capter de nouveaux lecteurs sans compromettre l’indépendance éditoriale, et faire valoir le droit d’auteur dans un paysage numérique où ce dernier est trop souvent contourné.
Alors que de nombreuses plateformes exploitent des contenus sans autorisation, le partenariat avec Perplexity constitue un précédent fort. Il montre qu’une IA peut être alimentée par des contenus journalistiques sans en violer la propriété, à condition qu’un accord équitable soit mis en place.
Un signal fort aux éditeurs européens
La signature de ce deuxième partenariat est aussi un appel indirect aux autres acteurs européens. Le Monde souligne l’urgence d’une mobilisation continentale afin que les médias du Vieux Continent s’impliquent activement dans la définition des règles du jeu, au lieu de laisser cette tâche aux seuls géants américains.
Il serait paradoxal que l’Europe, berceau du droit d’auteur depuis 1791, reste en retrait dans cette transformation majeure, alors même que ses éditeurs disposent d’un capital culturel et juridique unique à défendre.
Vers un nouvel écosystème de l’information
Ce partenariat marque plus qu’un simple accord commercial : il reflète une mutation profonde des usages numériques. Les lecteurs attendent aujourd’hui des réponses rapides, contextualisées, fiables. En intégrant ses contenus à des moteurs de réponse avancés, Le Monde répond à cette exigence tout en plaçant l’éthique au cœur de sa stratégie.
Ce modèle hybride, mêlant innovation technologique, respect des droits et valorisation des contenus, pourrait bien dessiner l’avenir de l’information à l’ère de l’IA.
