Le 7 octobre 2025 par La rédaction
Dimanche 5 octobre 2025, la France découvre la composition du gouvernement de Sébastien Lecornu, nommé Premier ministre à la suite d’un remaniement éclair. Dix-huit ministres et trois secrétaires d’État sont annoncés au Journal officiel. Mais à la surprise générale, moins de quatorze heures plus tard, Lecornu présente sa démission. Résultat : un gouvernement le plus court de la vie République, avec pourtant une facture bien réelle pour les finances publiques. En effet, chaque membre du gouvernement, bien que resté en poste à peine une journée, devrait percevoir une indemnité de fin de fonctions d’environ 28 000 euros. Une situation totalement légale, mais qui fait grincer des dents dans un contexte de rigueur budgétaire et de déficit public record.
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ToggleUne indemnité garantie par la loi, sans condition de durée
Le dispositif remonte au décret du 25 janvier 1956, qui prévoit qu’un ministre a droit, à la fin de ses fonctions, à une indemnité transitoire équivalente à trois mois de traitement brut. Cela représente environ 9 333 euros par mois, soit près de 28 000 euros au total.
Et la règle est claire : ce droit n’est soumis à aucune durée minimale d’exercice. Qu’un ministre soit resté en poste trois ans ou trois heures, le montant reste identique.
Cette indemnité a pour but d’assurer une transition professionnelle aux membres du gouvernement, souvent contraints d’abandonner toute activité privée pendant leur mandat. Mais dans le cas du gouvernement Lecornu, cette logique de protection semble difficile à justifier. Pour beaucoup, elle illustre une fois de plus le décalage entre la classe politique et les citoyens.
Un coût total de 588 000 euros pour l’État
Avec 19 membres au total, le gouvernement Lecornu devrait coûter environ 588 000 euros à l’État. Une somme considérable pour une équipe ministérielle qui n’a pas eu le temps d’exercer le moindre pouvoir.
Dans un contexte où chaque euro dépensé est scruté, ce chiffre a de quoi choquer. Les réseaux sociaux et l’opinion publique s’enflamment déjà sur ce “gouvernement d’un jour à un demi-million d’euros”, symbole pour beaucoup des privilèges de la haute fonction politique.
Les défenseurs du système rappellent cependant que cette indemnité n’est pas un cadeau, mais un dispositif légal destiné à garantir une certaine stabilité financière à ceux qui quittent leurs fonctions exécutives. Reste que la symbolique, elle, est désastreuse.
Une ironie politique qui fait grincer des dents
Ironie du sort, Sébastien Lecornu avait lui-même prévu une réforme visant à réduire les avantages accordés aux anciens ministres : suppression de la voiture de fonction, du secrétariat particulier et même de la protection policière.
Ces mesures devaient entrer en vigueur le 1er janvier 2026, mais son départ précipité rend la situation d’autant plus cocasse. Les membres de son éphémère gouvernement bénéficieront donc de tous les avantages actuels, y compris de leur indemnité de départ complète.
Une contradiction qui ne manquera pas d’alimenter le débat sur l’exemplarité de la vie politique et la rationalisation des dépenses publiques, deux thèmes chers à une opinion de plus en plus exigeante.
Des députés ministres bloqués pendant un mois
Autre conséquence étonnante : plusieurs ministres étaient également députés avant leur nomination. Or, selon la loi, ils ne peuvent pas retrouver immédiatement leur siège à l’Assemblée nationale. Leur suppléant continue d’exercer le mandat pendant environ un mois après la fin de leurs fonctions.
Ces élus devront donc patienter avant de reprendre leur place au Palais-Bourbon, un délai prévu pour éviter toute confusion entre les rôles exécutifs et législatifs.
Le gouvernement Lecornu, éphémère et coûteux, restera dans les annales comme l’un des plus courts – et des plus controversés – de l’histoire politique française. Si tout est parfaitement légal, cette affaire met en lumière un problème plus profond : celui du rapport entre légalité et légitimité morale dans la gestion des fonds publics. Alors que la France cherche à réduire ses dépenses et à restaurer la confiance citoyenne, l’idée qu’un ministre puisse toucher 28 000 euros pour 14 heures de présence risque de laisser une trace durable. Un rappel amer que le fossé entre le droit et l’éthique politique n’a jamais semblé aussi grand.