Brandt liquide ses usines : un symbole inquiétant de la désindustrialisation à la française

La France assiste à un nouvel épisode de désindustrialisation avec la liquidation judiciaire de Brandt, un fleuron historique de l’électroménager français. À quelques jours de Noël, ce sont 700 salariés qui se retrouvent brutalement au chômage, tandis que deux sites de production, à Orléans et à Vendôme, ferment leurs portes, marquant la fin d’une ère pour le gros électroménager made in France.

La fin d’un groupe centenaire

Fondé il y a plus d’un siècle, Brandt a longtemps symbolisé l’excellence industrielle française. Pourtant, le tribunal des affaires économiques de Nanterre a rejeté le projet de reprise qui aurait permis de sauver près de 400 emplois. La décision de liquidation judiciaire scelle la disparition du dernier fabricant de gros électroménager en France.

Cette fermeture n’est pas seulement un drame humain : elle illustre la difficulté pour les entreprises françaises de maintenir leur production nationale face à une concurrence mondiale féroce. Les produits Brandt, autrefois présents dans chaque foyer, vont progressivement disparaître des rayons au profit d’équipements importés, souvent asiatiques, plus compétitifs et innovants.

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Une marque prestigieuse mais insuffisante

Pour Thierry Millon, directeur des études du cabinet Altares, la notoriété de la marque ne suffisait plus à garantir sa survie. « La marque c’est un atout, autant ça ne suffit plus. Le prix fait la différence. Sur les lave-linges, ça se joue à quelques dizaines d’euros près. Les produits de Brandt sont de qualité, mais face à une compétition qui tire les prix vers le bas, on ne peut plus jouer », explique-t-il.

Cette analyse met en lumière un paradoxe : malgré la qualité reconnue de ses produits et sa renommée historique, Brandt n’a pas pu résister aux contraintes économiques modernes. La compétitivité et l’innovation sont désormais des critères incontournables dans le secteur de l’électroménager.

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La désindustrialisation française s’accélère

La liquidation de Brandt s’inscrit dans un contexte plus large de déclin industriel. D’autres entreprises emblématiques, comme l’aciériste Novasco, le chimiste Vencorex ou le fabricant de sirop Teisseire, sont également menacées. Selon le cabinet Trendeo, près de 165 sites industriels, représentant 20.000 emplois, pourraient disparaître dans les prochaines années.

Les causes sont multiples : concurrence internationale, hausse des coûts de l’énergie, baisse de la consommation domestique… Tous ces facteurs combinés fragilisent la production nationale et font peser un risque croissant sur l’emploi industriel.

Les conséquences humaines et sociales

Pour les 700 salariés de Brandt, la liquidation judiciaire est un véritable coup de massue, particulièrement cruel à l’approche des fêtes. Outre la perte d’emploi, cette fermeture entraîne un bouleversement social pour des familles et des communautés locales dont l’économie dépendait directement des usines.

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Les collectivités locales et l’État sont désormais confrontés au défi de l’accompagnement de ces travailleurs vers de nouvelles opportunités, tout en cherchant à préserver ce qui reste de la production industrielle nationale.

La disparition de Brandt est bien plus qu’un simple événement économique : elle devient un symbole de la désindustrialisation française et des difficultés rencontrées par les entreprises historiques pour s’adapter à un marché globalisé. Entre compétitivité, innovation et protection de l’emploi, le cas Brandt pose une question cruciale pour l’avenir industriel du pays : comment conserver des fleurons nationaux face aux exigences d’un marché mondialisé ?

La fermeture des usines de Brandt à Orléans et à Vendôme rappelle à quel point le tissu industriel français est fragile, et combien il est urgent de trouver des solutions durables pour soutenir l’industrie et ses salariés.

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Laurine Rédaction

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