Rester connecté en voyage, sans Wi-Fi hasardeux ni mauvaise surprise sur la facture : c’est la promesse de Kolet. Sa cofondatrice, Anne-Carole Coen, mise sur la eSIM et une expérience utilisateur pensée pour les voyageurs afin de dépoussiérer un secteur encore dominé par les opérateurs traditionnels.
Comment est née l’idée de Kolet ?
Anne-Carole Coen : Mon parcours a toujours été guidé par l’envie de dépoussiérer des secteurs vieillissants. J’ai débuté il y a plus de vingt ans dans la téléphonie mobile, un domaine où les pratiques sont souvent opaques et peu centrées sur le client. Lors de voyages, je recevais ces fameux SMS m’annonçant une facture exorbitante simplement pour avoir allumé mon téléphone à l’étranger. J’ai trouvé aberrant qu’on ne puisse pas utiliser Internet en voyage aussi facilement qu’à la maison.
Avec mes associés, nous avons voulu créer une solution accessible, transparente et simple pour tous les voyageurs. La technologie eSIM, désormais intégrée à de plus en plus d’appareils, nous permet d’offrir ce service en complément de l’opérateur habituel.
En quoi votre solution se démarque-t-elle ?
Anne-Carole Coen : Nous proposons un accès Internet sécurisé partout dans le monde, à un prix juste : par exemple, 4 euros pour 1 Go contre parfois plusieurs centaines d’euros avec un opérateur classique. Nous ne sommes pas philanthropes, mais l’écart de prix est considérable.
Kolet se distingue par la simplicité d’installation, la clarté des offres et une expérience utilisateur pensée pour les voyageurs. Nous avons lancé des fonctionnalités uniques : partage de data entre proches, conversion des gigas non utilisés en crédit utilisable pour un futur voyage, simulateur de consommation… Et nous assurons un service client humain, disponible 24h/24 et 7j/7 dans toutes les langues. Sur plus de 200 acteurs mondiaux, seuls une dizaine ont une approche aussi complète.
Depuis quand Kolet est-il opérationnel et comment vous développez-vous ?
Anne-Carole Coen : Nous avons démarré en janvier 2024. Notre stratégie repose sur des partenariats avec des compagnies aériennes et agences de voyage pour intégrer Kolet directement dans le parcours client. Nous offrons souvent 1 Go gratuit afin que les voyageurs testent la solution. Le taux de conversion est excellent : les utilisateurs achètent ensuite des forfaits supplémentaires.
Nous travaillons en B2C et en B2B2C : nos offres sont accessibles directement via notre application ou notre site, mais aussi bien évidemment via nos partenaires qui proposent des offres dédiées à leurs clients.
Comment fonctionnent vos accords techniques ?
Anne-Carole Coen : Nous collaborons avec un « roaming hub », intermédiaire ayant déjà négocié des accords avec les opérateurs. Cela nous permet de proposer une eSIM unique, utilisable partout dans le monde, contrairement à la plupart des concurrents.
Vous avez récemment levé 10 millions d’euros, avec le soutien notamment d’anciens dirigeants d’Apple et d’Expedia. Comment les avez-vous convaincus ?
Anne-Carole Coen : Tous comprennent que 100 % des voyageurs ont besoin de connectivité et que la téléphonie mobile reste un secteur à réinventer. L’adoption de la eSIM explose : l’Iphone 14 d’Apple est sorti en 100% eSIM aux Etats-Unis, et la même chose se produira très certainement dans les autres pays.
C’est un atout majeur pour nous de pouvoir être accompagné par des business angels si réputés, car ça nous ouvre beaucoup de portes dans le monde du voyage notamment.
Quels sont vos projets à moyen terme ?
Anne-Carole Coen : Nous allons continuer à enrichir notre application : intégration d’un VPN, ajout de la voix sur IP, amélioration du service client grâce à l’IA, développement de nouvelles fonctionnalités issues des retours utilisateurs. Nous renforçons aussi nos équipes, notamment en ingénierie et en ventes, et poursuivons notre expansion via des partenariats B2B2C.
Quel conseil donneriez-vous à un entrepreneur qui souhaite se lancer dans la tech ?
Anne-Carole Coen : Exécuter vite et tester grâce à un MLP (Minimum Lovable Product). Ne pas se limiter aux avis des experts du secteur : dans les télécoms, on m’a assuré que notre projet était impossible. Pourtant, en partant du besoin client, on trouve toujours une place sur le marché. Et il faut oser viser grand : l’Europe a besoin de champions mondiaux.
Un mot de conclusion ?
Anne-Carole Coen : On pense à Kolet pour les voyages à l’étranger, mais je l’utilise aussi en France. Notre eSIM se connecte à tous les réseaux (SFR, Bouygues, Orange), ce qui est précieux en zones rurales ou en montagne. Cela change complètement la relation avec son opérateur et offre une solution abordable, appréciable dans un contexte de tension sur le pouvoir d’achat.

